Strange Milk : un goût étrange venu d’ailleurs

Tout d’abord, l’album est co-édité par le Pop Club records et Echo orange, ce qui est déjà un signe de bon goût.

Avec son visuel façon Time tunnel (« Au cœur du temps », en français… mais qui donc se souvient de ça ?), l’album de Strange Milk plante le décor : destination 1967. L’année de Sgt Pepper’s, du premier album de Pink Floyd et celui du Velvet underground. Rien que ça.

Strange Milk maîtrise l’art du cocktail avec élégance, puise en proportions variables au cœur de cette période créative, en ajoutant çà et là des sonorités plus proches de nous. Batterie sèche et guitare rêche façon Dandy Warhols (et donc Velvet, vous suivez ?), chant susurré, rythmes faussement décontractés, chœurs éthérés à la surf-music, et tambourin omniprésent. Et comme j’ai un peu tendance à voir planer des animaux bizarres ces jours-ci (et le mélange bicarbonate-citron n’y fait rien), j’ai même cru percevoir des échos d’Oasis et de Nirvana (« Starlight »).

Il y a là tous les ingrédients d’une pop psyché aux rêves éveillés, baignés d’une atmosphère étrange et magique, où le temps s’étire et se détend à l’infini. De l’hommage au Velvet (« Strange & magic ») jusqu’à cette ultime ballade (« Shine on ») où s’invitent les ombres de Lennon et de Floyd, façon Jonathan Wilson, Strange Milk fait le grand écart dans l’histoire du rock psyché, avec un album riche et sacrément exaltant.

Le groupe s’est constitué un peu par hasard autour de musiciens aux univers très éloignés : ambient, brit-pop, et même punk hip-hop…., un heureux mélange de personnalités qui prend sans nul doute une dimension supplémentaire sur scène : à vérifier, donc, le 10 juin prochain Aux Bons Sauvages (La Mulatière) et le 17 juin au Toï Toï Le Zinc (Villeurbanne).

On a même le droit d’y aller deux fois, du coup.