Plastic People : un duo post-punk foisonnant et actuel

Plastic People c’est Valeria Pacella et Sébastien Ficagna. L’histoire musicale de Sébastien Ficagna avait déjà commencé avant Plastic People, comme guitariste et compositeur. En 1993, inspiré par l’esprit « Do It Yourself » du punk, il monte en autodidacte un duo de cold wave gothique, Dead Soul Rising avec la chanteuse Alastrelle. En 2002, il crée un autre duo de rock electronic post-punk, The Naked Man avec la chanteuse et compositrice Sandrine Cognet (qui signe également des textes pour Plastic People).

En 2009, Sébastien Ficagna écrit beaucoup et lance le projet Plastic People. Après un premier EP solo Good as You plutôt électro-rock, la formation de Plastic People s’étoffe avec Estelle Gourinchas (alto, harmonium indien), Etienne Boisson (batterie), Rudy Centi (guitare) et Valeria Pacella (basse). Ils sortent deux albums : Pink Narcissus en 2010 et Stories of Last Kisses and Other Poems en 2012. Accordéon, harmonium indien et guitare folk ajoutent une part organique qui offre un supplément d’âme à ces mélodies mélancoliques.

En 2016, on retrouve Sébastien Ficagna et Valeria Pacella en duo avec leur album It Prickles, It Burns, It Hurts. Cette configuration resserrée va à l’essentiel. La mise en avant de la voix et de la basse donnent une couleur new-wave plus marquée et une unité à tout l’album. Cette couleur se percevait déjà dans des titres précédents comme « Mr Dream » (Pink Narcissus), « Armanian song » ou « Enter the words and press the button » (Stories of last kisses ans other poems), mais n’était pas aussi dominante.

Les références à la new-wave ou au post-punk sont indéniables. Les batteries répétitives et les lignes de basses froides sont la colonne vertébrale de nombreux morceaux. La voix grave et la scansion des phrases à la Ian Curtis ou Robert Smith viennent bien du début des années 80. Mais il ne s’agit pas d’une reproduction nostalgique. Cette couleur froide est ici une référence. C’est une toile de fond sur laquelle s’intègre par collage d’autres courants musicaux qui composent ce « cabaret post-punk » très actuel. Le folk est présent par l’utilisation de la guitare acoustique et de l’harmonium indien. Une plus forte présence de la guitare et de la batterie donnent des mélodies plus rock. La boite à rythmes et ses sons électroniques apportent une touche électro.

Au-delà du son, Plastic People c’est tout un univers. (Valeria Pacella est photographe et Sébastien Ficagna graphiste). L’identité visuelle se décline sur tous les supports : pochettes, affiches, clips et vidéos projetées lors des concerts qui plongent le public dans une ambiance rétro et baroque. L’esthétique de Plastic People pourrait paraître pop kitch à y regarder de loin, mais de plus près, on y reconnaît des ambiances à la Pierre et Gilles et James Bidgood. Influences confirmées par la référence à Pink Narcissus, nom du premier album et nom du label en autoproduction. On pense également à Jean-Baptiste Mondino et ses clips décalés des années 80 (Rita Mitsouko, Axel Bauer, Taxi Girl). Et on pense aussi aux travaux de collage du collectif Bazooka, associé au mouvement Punk. Artistes complets, ils proposent cet univers sonore et visuel, dans la droite ligne de l’esprit DIY des mouvements artistiques de la scène punk des années 70-80.

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Plastic People : « It Prickles, It Burns, It Hurts », 2016 – Pink Narcissus
En CD sur Bandcamp