Impossible de ne pas mentionner The Zombies et d’accoler l’étiquette « baroque » à la musique d’Odessey & Oracle. Depuis son 1er album en 2014, le groupe lyonnais s’inspire de la pop lumineuse du groupe britannique précité, auteur du cultissime album paru en 1968, justement nommé « Odessey & Oracle ». Avec Crocorama, troisième album à paraître le 16 octobre, O&O déploie une même qualité mélodique tout en arpentant des chemins personnels, avec un propos anticapitaliste habilement formulé.
Le disque devait sortir au printemps 2020, mais la pandémie a contraint le groupe à repousser la date à l’automne. Le plaisir est grand d’entendre enfin ces 11 nouveaux titres, ici chantés en français. Crocorama décline une pop claire savamment orchestrée qui ravira les fans des Beach Boys, Stereolab, ou encore Orval Carlos Sibelius. La palette instrumentale, tant elle est luxuriante, se doit d’être détaillée : piano et claviers électriques, clavecin, positif, hautbois, flûte à bec, guitares, banjo, basse, synthétiseurs analogiques, percussions, et trompette. Ce foisonnement n’empêche en rien la cohérence sonore du groupe, qui réussit à marier couleurs enfantines et poésie acerbe. Au centre de cette magie psychédélique ondoie la voix précise et limpide de Fanny L’Héritier. Les envolées mélodiques, impressionnantes, nous emportent telles des montagnes russes (Je suis l’endormie). Le rythme n’est pas en reste, en tout cas dès que le groupe s’amuse à explorer le jazz et la samba (Mascara). Lorsque le folk est convoqué (Les Enfants), il est à la fois doux et grave.
Précises, colorées, et enchanteresses, les chansons iconoclastes d’O&O procurent une joie auditive tout en invitant à la réflexion sur les dérives consuméristes aliénantes d’aujourd’hui. C’est le défi d’une « pop expérimentale », une nouvelle fois relevé par cette formation lyonnaise, dont nous guetterons avec espoir les futures apparitions scéniques.
Bandcamp du groupe
Parution le 16 octobre en numérique, CD et vinyle
Another Record & Dur et Doux, 2020