Rémi Richarme, compositeur en chef du désormais supergroupe Satellite Jockey (ses membres font également partie de tant d’autres formations qu’ils pourraient presque monter un festival à eux tout seuls, notamment KCIDY, Fun Fun Funeral, Train Fantôme, Tôle Froide, Sierra Manhattan, etc.), l’a récemment confessé : ce ne sont pas tant les Beatles qui l’obsèdent, mais plutôt les centaines de simili-Beatles qui ont pullulé et pullulent encore aujourd’hui. Ces groupes « What if? », qui font la musique qu’auraient potentiellement pu faire les Beatles s’ils avaient continué à leur carrière dans une dimension parallèle où John, George, Paul, Ringo, Yoko et cie se seraient entendus comme larrons en foire jusqu’au bout de leurs vies.
Satellite Jockey s’inscrit tout à fait dans cette lignée avec son dernier album, malicieusement baptisé « Modern Life vol. 1 », un album qui tranche avec le reste de leur discographie et fait du neuf avec du vieux, du vieux avec du neuf, et même parfois du vieux avec du vieux. Pour ceux qui sortent avec délice, dégoût ou indifférence de leur précédent album « Falling », c’est un tout autre groupe qu’ils découvriront sur cet album (même si les vrais fans 
auront repéré la première graine de « Modern Life » semée à la fin de « Stars » en 2013 avec l’excellente Innocent Fields).
On pourra reprocher à « Modern Life vol. 1 » de manquer d’homogénéité par rapport à « Falling » et ses nombreux leitmotivs, avec une face A orientée singles et une face B plus expérimentale ; mais l’album n’en est au final que plus riche et s’étend avec délice avec des titres comme « Inside » ou « Opacity » qui passe sans transition du psyché le plus inquiétant au dub le plus groovy, le tout s’achevant sur une « Marche pour la cérémonie des Turcs » de Lully version rock, enivrante au possible. Un mystérieux « vol. 2 » devrait voir le jour bientôt, je le sais de source sûre, c’est un gars sous influence en sous-marin sur une colline qui me l’a dit. Il m’a filé plein de fraises délicieuses, ♫ goo goo gajoo ! ♪
Satellite Jockey : « Modern Life vol. 1 », 2017 – AB Records
En CD chez Another Record, en vinyle chez AB Records