« D’origine allemande et algérienne, pour moi les mots ont été le moyen d’assembler les pièces de mon puzzle. Je les vois comme les grains d’un bac à sable truffé de mines. J’aime les mots. D’aussi loin que je m’en souviens. »
Ca commence comme ça, écouter Mehdi Krüger. Quelqu’un qui se livre et qui joue avec son histoire, avec des images poétiques, rêvées ou réelles.
Après un parcours hip-hop, puis slam sous le nom de Lee Harvey Asphalte, qui lui a valu estime et reconnaissance, le voici à présent qui change de nom pour obliquer doucement vers la chanson, et livrer un peu plus de lui-même.
La voix est grave et le propos aussi. Mehdi ne fait pas spécialement dans les joyeusetés festives, ne voyez pas là l’ombre d’un jugement.
On plonge dans l’intime : la rupture amoureuse, l’esprit qui s’enlise, les moments qui se figent et le temps qui fuit : « On s’attire – trou noir – On sature – troublant – On se tue à se taire sans voir qui de nous deux fait le mieux semblant…. ». Pas très réjouissant me direz-vous….
Pourtant, sa poésie noire et ciselée, qui dit l’amour des mots et encore plus que ça, touche et inspire : des jeux constants sur les sonorités, des images fortes. Et le refus des compromis.
Pour l’accompagner, Ostax, guitariste attentif qui le suit pas à pas, côte à côte, glisse quelques arpèges discrets, et offre en soutien son chœur qui apporte la légèreté d’un nuage.
Et si Mehdi, lui, est encore un peu dans le parler-chanter (encore l’héritage du slam), rien ne dit qu’un jour il ne laissera pas sa voix s’envoler pour de vrai, en toute liberté. C’est en tout cas ce que je lui souhaite.