Je n’ai pas encore pu voir Ibrahima Cissokho et le Mandingue Foly sur scène, mais après écoute de leur album « Yanfu », sorti cet automne, je crépite d’impatience !
Le Mandingue Foly ? La folie mandingue ? Un groupe qui porte bien son nom, un groupe omnivore qui se nourrit de toutes les musiques qui lui passent entre les oreilles. Avec ces musiciens hors pair, le Mbalax se métamorphose, et devient une musique afro-rock des plus complexes, qui offre une palette sonore enrichie de blues, de funk, et même de hip-hop.
Issu d’une famille de griots, bercé dès l’enfance par le son de la kora de son père, au Sénégal, Ibrahima Cissokho s’est très tôt emparé de l’instrument mais a créé son propre style de jeu, original, qui lui donne une couleur nouvelle et en développe une richesse inouïe. A Lyon, il a créé ce projet de groupe qui mêle les sons et rythmes traditionnels (kora, flûte peule, balafon, djembé…) aux instruments et aux effets des musiques amplifiées.
Loin de toute juxtaposition artificielle, qui tendrait à simplement moderniser ou occidentaliser les sons mandingues, on assiste là à une véritable osmose, une re-création autour d’instruments d’origines différentes. Une alchimie parfaite due aux multiples talents de ces musiciens venus d’horizons musicaux très divers. Comme par exemple Françoise Veilhan-Camara, à la basse et aux percussions, qu’on a connue autrefois au sein du trio de chanson-rock Fun Carmen, et qui apporte sa couleur rock au groupe. Ou encore Grégory Boudras, batteur génial, qu’on peut croiser ailleurs au détour de projets chanson ou jazz. Sans oublier la flûte peule de Laurent Baradel, qui insuffle poésie et énergie.
L’écoute de « Yanfu » fait traverser des paysages émotionnels contrastés, de l’hypnotique « Yanfu » (le morceau-titre) à la ballade « Diula », en passant par un « Tiedo » complètement déchaîné. Ibrahima chante d’une voix puissante et chaude et porte la parole de l’espoir au travers de thèmes qui lui sont chers : la solidarité, l’amour de la terre ou les louanges à ses guides spirituels.
Après les avoir vus sur scène, les spectateurs unanimes ne tarissent pas d’éloges : « Charisme », « Energie », « Magie », voilà ce qu’on peut lire ou entendre çà et là, à propos de ce projet qui illustre brillamment, une fois de plus, la vivacité de la scène africaine à Lyon.
Alors, la prochaine date, c’est pour quand ?
D’ici là, Yanfu est disponible ici : CD ou téléchargement
Ibrahima Cissokho & le Mandingue Foly : « Yanfu », 2016 – Inouïe distribution
en CD sur Paniermusique – en digital sur Qobuz