Réunis par une secrète alchimie, les jeunes musiciens lyonnais du Foehn Trio, sitôt leur formation constituée, ont déjà tapé dans l’oreille des amateurs de jazz et remporté de nombreux tremplins.
André Manoukian, clairvoyant découvreur de talents et chamoniard convaincu, les a accueillis dans sa Maison des Artistes à Chamonix, qui fut autrefois la résidence de Maurice Herzog, où ils ont enregistré ce premier album.
« Magnésie » est une ode à la montagne, depuis son titre (du nom de cette poudre blanche agrippante qu’utilisent les alpinistes) jusqu’au dernier morceau (« A’rvi pâ » : « au revoir » en patois savoyard).
Comme portés par le foehn, des parfums du sud et d’Orient soufflent sur ces compositions très inspirées.
Du piano obsédant de Christophe Waldner surgissent des mélodies d’une rare puissance évocatrice. La batterie de Kévin Borqué y imprime des fractures de roches, des structures complexes qui emmènent le trio au bord des failles les plus escarpées. Quand à la contrebasse de Cyril Billot, elle jalonne le parcours en s’autorisant des détours parfois imprévisibles.
Tout est là, le petit train rouge du Montenvers, les torrents et leur course effrénée, les pierres qui dévalent, le pied qui échappe parfois, …et la splendeur des sommets.
On peut penser à Tigran Hamasyan, parfois à Joe Hisaishi (le compositeur des films de Miyazaki), et aux plus talentueux trios nordiques ou suisses de ce jazz nouveau venu du froid.
Mais on peut surtout se laisser porter par cet album superbe, fruit d’une créativité qui n’a rien à envier aux plus grands.
Foehn Trio : « Magnésie », 2017 – Mad Chaman
en CD et digital un peu partout