… que jamais. En tout cas, c’est ce qu’on dit parfois pour se faire pardonner son retard.
L’indicible – Treize titres tristes est paru depuis deux ans déjà et cette chronique arrive seulement maintenant. Mais peu importe ce décalage, car il est sans nul doute, à mon sens, l’un des grands albums de la décennie.
Erwan Pinard, c’est de la poésie triste, imbibée d’humour trash (et cash).
Façon slow seventies ou à grands coups de rage punk, Pinard décrit comme personne l’implacable fin des relations amoureuses, dissèque une à une nos médiocrités quotidiennes et le ridicule de notre monde de plus en plus absurde.
L’écriture est au scalpel : fine, brillante, tranchante, … saignante. Parsemée de jeux de mots, d’où surgissent des images qui claquent comme des portes.
Cynique, grossier et bourré de mauvaise foi, il gueule, il grogne, mais avec tant d’autodérision et d’élégance (si si) que ça force le respect. L’élégance du désespoir, comme on dit…
Désespéré alors ? Peut-être. Désespérant, certainement pas.
J’aurais pu illustrer ce billet en citant quelques couplets bien sentis, mais non.
Il faut écouter l’album, de bout en bout, et le réécouter encore. Le goûter, le boire, si amer qu’il soit.
Et se précipiter pour l’écouter dès qu’il prend la scène, en solo ou en trio (avec Jérôme et Lionel Aubernon – guitare et batterie). Un concert d’Erwan Pinard, c’est une expérience pas banale : on rit beaucoup (jaune), on prend quelques coups à l’estomac, et pour le même prix ça décape le cerveau (et les tympans).
Et tiens pour une fois, pas un seul calembour stupide ne m’est venu à l’esprit.
L’indicible – Treize titres tristes – CD ou digital en vente via Bandcamp