A force de traîner pour en parler, j’ai fini par ne pas en parler. Ce n’est pas une punchline de rappeur blanc, mais mon constat face à l’absence de chronique sur le formidable album folk de Bess of Bedlam, qui est ressorti en vinyle en 2019 via le label anglais Outré, après une sortie initiale en 2018.
« Folly Tales » reprend la plupart des titres du premier EP de Bess of Bedlam, réarrangés et extirpés de leur condition de chansons folk acoustiques par la force incongrue – mais diablement efficace – d’un synthétiseur qui vient réhausser les moments de bravoure des morceaux en question. Ce synthé va et vient entre les chansons, fil rouge secoué avec arrogance sous le regard de l’auditeur·ice qui se demande si ce fil provient d’un drap tauromachique, ou s’il est l’incarnation du « earworm », cette ritournelle qui se niche dans votre oreille pour ne plus en sortir.
Pardon de revenir dessus aussi lourdement, mais ce synthé m’a initialement posé problème et j’ai dû l’apprivoiser patiemment pour pouvoir profiter de l’un des tout meilleurs disques que j’ai pu écouter depuis la création de notre petit blog de bibliothécaires à triple foyer. Oui, « Folly Tales » est une petite merveille. On y retrouve la beauté simple des morceaux de l’EP (agrémentés de quelques nouveaux fantastiques comme Brambles of Dourlens, le single d’ouverture), et un goût prononcé pour la composition à tiroirs, ceux du placard au fond à droite après la buanderie.
Fanny l’Héritier et Guillaume Médioni, les deux zouaves qui se cachent derrière Bess of Bedlam, vont par ailleurs probablement refaire parler d’eux cette année sur notre beau site, car un nouvel Odessey & Oracle est sur le point de se montrer.
Bess of Bedlam : « Folly Tales », 2018 – Another Record / Montagne Sacrée / Outré
En vinyle chez Outré et CD sur Bandcamp